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TAICHI CHUAN STYLE YANG




Dans cet article nous allons aborder l'histoire du Taichi Chuan et plus spécifiquement celle de son style le plus répendu à travers le monde, le style Yang.


Yang Luchan : Père fondateur du Taichi Chuan


Yang Luchan (1799-1872), figure énigmatique, est vénéré comme l'ancêtre fondateur de toute la lignée des maîtres de taichichuan. Son enseignement, dispensé à Pékin au milieu du 20ème siècle, a donné naissance à une multitude de variantes du Taichi Chuan. Parmi celles-ci, les plus renommées aujourd'hui sont le style Yang classique, décrit dans le célèbre manuel de Fu Zhongwen et Gu Liuxin, ainsi que le Taichi Chuan simplifié en 24 mouvements aussi appelé "Petite Forme de Pékin" et développé sous l'ère Maoïste. Ces codifications, cependant, ne représentent qu'une fraction de l'héritage de Yang Luchan.


*Selon les transcriptions phonétiques, le terme Taichi Chuan peut s'écrire différemment. Ainsi, selon la transcription phonétique codifiée par la Chine, le pinyin 拼音, Taichi Chuan s'écrit Taiji Quan. Mais pour la facilité de lecture j'utiliserais ici la transcription plus adaptée au français, le Wade-Giles, ce qui nous donne Taichi Chuan.


Le Taichi Chuan : Entre Légende et Réalité


Curieusement, la vie de Yang Luchan est enveloppée de mystère, son existence historique étant sujette à caution. Comme l’a noté l'universitaire américain Douglas Wile, aucune chronique de l'époque, même dans sa région natale, ne mentionne cette figure éminente du taiji quan, prétendument "sans rival" selon la tradition orale. Ses fils, Yang Banhou (1837-1892) et Yang Jianhou (1839-1917), sont des personnages clés dans les lignées des styles Wu et Yang respectivement.


La Modernisation du Taichi Chuan


Au début de l'ère républicaine, après 1912, les pratiques traditionnelles du Taichi Chuan étaient déjà l'objet de nombreuses questions. Alors que la Chine entamait sa modernisation, les maîtres principaux de taiji quan, réunis à Pékin sous l’égide de Xu Yusheng, se sont lancés dans un projet de vulgarisation. Ce projet visait à purifier le taiji quan de ses associations avec la dynastie mandchoue et de ses éléments archaïques, tels que les références aux cultes de l'immortel Zhang Sanfeng et du "Guerrier véritable" (Zhen Wu). La nouvelle codification insistait sur l’aspect éducatif des mouvements, et le Centre d’études de Xu Yusheng visait notamment à former des professeurs de culture physique.


Il existe donc un hiatus dans la transmission du Taichi Chuan entre la dynastie Qing et la période républicaine. Ce qui était autrefois un art martial rituel avec des dimensions ésotériques a évolué à l'époque moderne vers une pratique corporelle psychosomatique, axée sur la santé et le bien-être physique. C'est dans ce contexte de transformation que le style Yang moderne a vu le jour, marqué par les contributions significatives de Yang Chengfu et Yang Shaohou, les fils de Yang Jianhou.


Ainsi, le style Yang moderne du taiji quan a émergé à travers une refondation menée par les maîtres du début de la période républicaine, donnant naissance aux pratiques contemporaines de Taichi Chuan que nous connaissons aujourd'hui.


Les Premiers Disciples du Style Yang


Yang Chengfu (1883-1936) est souvent reconnu comme le véritable fondateur du style Yang classique. Cependant, les plus anciens disciples officiels de cette école furent initialement des élèves de son père, Yang Jianhou. Ces pionniers, surnommés les trois « Xuan » en raison des noms honorifiques que Yang Jianhou leur avait donnés, étaient Niu Chunming (1881-1961), Tian Zhaolin (1891-1960) et Li Chunnian (1894-1976). Ces maîtres incarnaient une tradition ancrée dans le combat pure et les différentes formes de pratiques martiales (boxe, lutte, armes, conditionnement physique).


L'Évolution des Styles Sous Yang Chengfu


Sous l'autorité incontestée de Yang Chengfu, les styles de ces premiers maîtres évoluèrent pour suivre le standard qu'il incarnait. Bien que leurs enseignements se soient peu diffusés hors de Chine, ils ont marqué les régions de Hangzhou, Shanghai, et le Sichuan par leurs pratiques respectives. Parmi les figures marquantes de cette époque, Wu Huichuan de Shanghai, Cui Yishi, et Zhang Qinlin se distinguent. Zhang, en particulier, influença Cheng Man Ching et Wang Yen-nien.


Les Disciples Lettrés et la Diffusion du Style Yang


Les disciples lettrés comme Chen Weiming, Dong Yingjie, et Cheng Man Ching, rejoignirent l'école Yang et contribuèrent à la rédaction de manuels majeurs, participant ainsi à l'intellectualisation et à la codification du style Yang. Dong et Cheng jouèrent également un rôle crucial dans la propagation du Taichi Chuan en Asie du Sud-Est et aux États-Unis, marquant l'entrée du style Yang dans une nouvelle phase de son histoire.


L'Héritage des Maîtres de la Chine Communiste


À la mort de Yang Chengfu en 1936, ses disciples continuaient son œuvre. Ses fils, Yang Zhenji, Yang Zhenduo, et Yang Zhenguo, apprirent sous la tutelle de leur frère aîné et des disciples de leur père. Dans la période communiste, Gu Liuxin et Fu Zhongwen furent des figures centrales dans la codification finale du style Yang. Gu, en particulier, structura la théorie du Taichi Chuan moderne, éloignant la pratique de ses facettes ésotérique et initiatiques. Fu Zhongwen, en publiant le manuel officiel du style Yang en 1963, devint le gardien de cette orthodoxie.


La Modernisation et la Canonisation du Style Yang


La dernière génération d'experts, sous la direction de figures comme Gu Liuxin et Fu Zhongwen, assura la transmission fidèle des enseignements de Yang Chengfu. En parallèle, Li Tianji codifia un enchaînement raccourci de 24 mouvements, connu sous le nom de « Taiji quan simplifié » (jianhua taiji quan, 简化太极拳). Ainsi, la génération des maîtres de la Chine rouge acheva l'évolution d'un style en perpétuelle transformation depuis ses origines, aboutissant à la pratique canonisée que nous connaissons aujourd'hui.

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©2023   Daniel Luntadi

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